Le Blog

Les 4 grands types d’agressivité chez le chien, comment les prévenir ?

Combien de fois, dans ma pratique de comportementaliste ou de formatrice, n’ai-je entendu, mon chien a grogné, il est méchant. Si un chien mord, il doit être euthanasié…

Avant tout, il est important de comprendre que l’agressivité chez le chien est une tendance naturelle. Lorsqu’elle est exacerbée, elle devient dangereuse.

Konrad LORENZ (dans « l’agression, une histoire naturelle du mal » – Edition Champs essais) considère que l’agressivité, dont les effets sont souvent identifiés à ceux de la pulsion de mort (théorie freudienne) est un instinct comme tous les autres et dans des conditions naturelles, contribue, comme tous les autres, à la conservation de la vie et de l’espèce.

C’est pourquoi il est essentiel de comprendre les motivations de cette tendance à l’agressivité chez le chien pour mieux l’appréhender et éviter les risques de passage à l’acte que constituent l’agression.

Une photo d'un chien qui montre les crocs. un symptôme de l'agressivité chez le chien.

Définition de l’agressivité chez le chien ?

L’agressivité chez le chien est une tendance instinctive naturelle mais aussi un mode de communication

L’agressivité est un tendance sociale ordinaire relative à l’acquisition ou la défense d’un territoire ou d’un rang hiérarchique, à l’instinct de reproduction ou à la satisfaction de besoins biologiques.

Lorsque cette agressivité n’est pas maîtrisée, elle se caractérise par une émotivité importante conséquence d’une forte instabilité, préalable au passage à l’acte : l’agression

Traduisant une force instinctive naturelle, elle est un phénomène normal tant qu’elle est canalisée ou maîtrisée.

En tant que mode de communication, l’agressivité vise à éloigner « l’objet » générant cette manifestation (humain, animal, voiture, vélo…). A ne pas confondre avec la prédation qui vise à se rapprocher de l’objet pour l’attraper. Le sujet de la prédation ne sera pas abordé ici et fera l’objet d’un prochain article de blog.

Les manifestations agressives sont des éléments du répertoire comportemental normal de l’animal. il n’existe pas d’agressivité sans raison.

Un chien ne peut donc pas être réduit à cette manifestation. Plutôt que dire mon chien est agressif, il est préférable de dire mon chien a un comportement agressif. Oui, MAIS dans quelles circonstances ?

En effet, l’agressivité doit toujours être contextualisée. Quels sont les éléments déclencheurs ? En existe-t’il un ou plusieurs ? Il est important d’investguer pour avoir une vision systémique de la problématique.

Est-ce lié à un apprentissage conscient ou inconscient du maître ? Est-ce lié à une insuffisance de respect des besoins de l’animal ? Est-ce lié à des traumatismes subis par l’animal ? Est-ce lié à des psychoses ou névroses humaines qui transforment l’animal en “objet” de substitution ?

Les compétences du comportementaliste sont précieuses pour comprendre l’origine de ce comportement adaptatif et mener le changement vers une relation humain-animal plus harmonieuse.

Les 4 formes d’agressivité couramment rencontrées

1/ L’agressivité de peur

Cette agressivité chez le chien est liée à l’instinct de survie. La peur est la conséquence de la perception d’un danger. Cette peur va générer la production d’hormones du stress face à une situation jugée dangereuse voire potentiellement mortelle. L’animal n’a que 3 options : fight, flight, freeze (les 3 F). En l’occurrence, se battre, fuir ou se figer. C’est un instinct universel chez tous les animaux, y compris l’humain. Il sert à augmenter ses chances de survie en tant qu’individu mais aussi en tant qu’espèce.

Deux grands types de peurs sont répertoriés. On retrouve celles transmises par des apprentissages et celles qui se sont ancrées suite à des traumatismes.

Par exemple, un maître qui a peur de l’orage peut inconsciemment transmettre cette peur à son chien en cherchant à se rassurer ou à rassurer son chien. De la même manière, un maître qui a peur de certaines races de chien ou de certaines couleurs de chiens, va transmettre au travers de son comportement (gestes, regards, tension dans la laisse…) sa propre peur et générer chez le chien un comportement adaptatif d’aboiement par exemple.

Un chien battu par des hommes, victime de traumatismes, pourra par exemple développer la peur des hommes et avoir tendance à se montrer agressif lorsqu’un inconnu s’approche de lui ou de son maître.

2/ L’agressivité territoriale

La défense du territoire est un instinct qui a été développé chez les chiens au travers de la domestication puis de la sélection de certains traits de caractère pour protéger les humains et leurs biens (troupeaux, maison…) des attaques d’animaux sauvages ou d’individus.

Cet instinct peut conduire le chien à considérer la maison, la voiture, le jardin comme étant son territoire, qu’il défend en aboyant ou en grognant contre les passants ou les invités qui s’approchent.

Ce type d’agressivité est un comportement adaptatif pour lequel les comportementalistes sont très souvent sollicités. Il convient de comprendre quelles sont les motivations qui sous-tendent cette agressivité territoriale. Est-ce un apprentissage réalisé par le maître ? S’il est conscient, un chien qui monte la garde est utile car il protège la propriété. S’il est inconscient, il peut devenir dangereux parce que le maître n’a absolument aucun contrôle sur son chien. Le risque de passage à l’acte est alors très élevé.

3/ L’agressivité maternelle

L’agressivité maternelle est destinée à protéger les petits d’une portée, donc à préserver l’espèce. Une chienne qui sent une menace à l’égard de ses chiots est capable de se mettre en danger pour les protéger en passant à l’acte de morsure.

chienne labrador qui allaite ses chiots allongée dans l’herbe. Représente l’agressivité chez le chien qui protège ses petits encore
appelée agressivité maternelle.

4/ L’agressivité par irritation

L’agressivité par irritation est souvent observée chez les chiens présentant des douleurs notamment chez les chiens âgés. Si un animal souffrant doit se lever avec vigueur parce que son maître est pressé, la douleur ressentie peut engendrer de l’agressivité. La répétition d’une situation semblable peut ancrer un véritable apprentissage. Cela amène le chien à menacer son maître avant même d’être contraint à se déplacer rapidement.

On peut également observer cette forme d’agressivité lors d’un contact physique contraint ou brusque. Les enfants sont généralement concernés car ils peuvent être vifs et pour certains brutaux. Les chiens peuvent émettre des signaux d’arrêt de contact non perçus ou mal compris. Apprendre aux enfants à respecter le chien permettrait d’éviter de terribles accidents. A ce titre, il existe des intervenants en prévention des risques de morsure dans les écoles.

Je vous invite à aller voir le site de Chantal Hazard qui a créé cette méthode et à en parler aux enseignants si vous avez des enfants en maternelle ou primaire. Je cite : “selon les conclusions des congrès scientifiques ISAZ Vienne 2014 et CSF Lincoln 2014, sans éducation spécifique au langage canin, 50 à 65% des enfants de 3 à 5 ans ne savent pas distinguer un chien stressé d’un chien heureux.” Je pense que les adultes ne sont pas en reste. Cet enseignement est à mon sens indispensable et devrait être délivré systématiquement à la maternelle ou en école primaire.

La formation d’éducateur canin ou de comportementaliste canin vous accompagne pour décrypter le langage des chiens indispensable dans l’exercice de ces deux beaux métiers.

Comment prévenir l’agressivité chez le chien ?

Il est important de savoir que la combativité d’un animal atteint son maximum dans le lieu qui lui est le plus familier, c’est-à-dire au centre de son territoire.

Autrement dit, les seuils de stimuli qui déclenchent le combat sont les plus bas là où l’animal se sent le plus en sécurité. Plus il s’éloigne de son territoire, plus le milieu devient étranger et menaçant pour l’animal et sa combativité diminue. Ceci explique, notamment chez les chiens, que les agressions (morsures) ont lieu le plus souvent au domicile des maîtres.

1/ Comment prévenir l’agressivité du chien envers les humains ?

Si le chien présente une tendance agressive envers des humains, il est tout d’abord indispensable de ne jamais le laisser sans surveillance en présence d’enfants.

Un chien, comme tout être vivant, doit être respecté dans ses besoins primaires. Il doit pouvoir dormir et se nourrir en toute tranquillité. C’est pourquoi il est essentiel de savoir et d’enseigner aux enfants qu’il ne faut pas surprendre un chien qui dort ou qui est occupé à autre chose. Le surprendre peut déclencher chez lui une peur intense génératrice potentielle d’agression.

Il est important également de développer sa sociabilité en le mettant en contact dès le plus jeune âge avec différents types d’humains et dans des circonstances différentes.

Peu importe la nature de l’agressivité du chien, il convient de faire appel à un comportementaliste pour en comprendre l’origine dans une vision systémique. Avec ses compétences en éthologie, en psychologie et en PNL, le comportementaliste sera à même de comprendre et mettre en place avec les maîtres les changements nécessaires à l’apaisement du chien.

2/ Comment prévenir l’agressivité envers les chiens ?

L’agressivité intra spécifique est ce que l’on appelle dans le langage courant « des chiens réactifs ».

Cela peut provenir d’une mauvaise socialisation ou éventuellement d’une désocialisation.

En effet, un chiot doit être régulièrement mis en contact avec d’autres chiots et des chiens adultes et équilibrés pendant sa période de socialisation. Cette dernière commence vers l’âge de 15 jours jusqu’à 15 semaines environ. Cette durée est variable en fonction de l’origine du chien.

Pour poursuivre la socialisation du chiot, il est possible de faire appel à une école du chiot. Il est important qu’un chien adulte soit présent au sein de ces écoles pour limiter les dérives de certains chiots n’ayant pas totalement acquis les inhibitions de morsure ou le respect de la hiérarchie intraspécifique notamment à cause de l’adoption d’un chiot trop jeune (moins de 3 mois).

3/ L’agressivité envers d’autres animaux comme les chats ?

Cette thématique fera l’objet d’un autre article de blog parce que bien souvent il s’agit d’un comportement de prédation complètement différent de l’agressivité qui répond au patron moteur de la chasse.

Une fois que l’agressivité est installée, comment faire ?

Un chien agressif reste un chien avec tout son répertoire comportemental d’animal et un certain nombre de besoins à satisfaire : besoin de relation avec ses maîtres, besoin de contacts avec d’autres chiens, besoin de se  dépenser physiquement et mentalement, besoin de stabilité affective et émotionnelle, besoin d’un cadre sécurisant.

Il convient tout d’abord de comprendre l’origine de cette tendance pour amener le changement.

Comprendre la cause sera plus efficace que traiter le symptôme. 

Le chien fait-il de la protection de territoire (canapé, maison, jardin…), de la protection de ressources (maîtres, gamelle, jeux…), a-t’il des douleurs, des peurs voire des phobies…

Dans tous les cas, une visite chez le vétérinaire est conseillée pour éliminer une problématique physique ou physiologique notamment si cette agressivité est apparue brutalement.

Une fois cette potentielle cause éliminée, la mise en place de règles précises, claires et constantes sont de nature à amener un apaisement chez le chien.

Pour une relation harmonieuse entre l’humain et son chien,  il est important d’instaurer une relation de confiance réciproque.

Pour ce faire, des règles de vie bien établies, respectueuses de ses besoins et communes à tous les membres de la famille, doivent être mises en place avec bienveillance et constance dès son arrivée dans la famille humaine.

En fonction de la problématique, il sera peut-être nécessaire de mettre en place une thérapie cognitivo comportementale chez le chien et/ou le maître. La conduite du changement chez le maître est l’un des aspects majeurs à prendre en considération dans toute intervention pour agressivité.

Pour obtenir de bons conseils, que ce soit avant ou après l’arrivée du chiot ou du chien, il est conseillé de rencontrer un comportementaliste.

De nombreux professionnels sont présents et il ne faut pas hésiter à les contacter en cas de difficultés ou de doutes ou justement pour éviter les difficultés !

Il vous délivrera les conseils pour vivre avec un compagnon bien dans son corps et dans sa tête..

Regardez bien les certificats obtenus par le professionnel. S’agit-il d’un éducateur canin ? Ou d’un comportementaliste ? En l’absence de formation ou de certificat, je vous invite à la plus grande prudence.

Avant tout, il faut se rappeler qu’un chien reste un chien, quelle que soit son origine. Il est indispensable et nécessaire de comprendre « ce qu’est un chien », de respecter ses besoins (et non pas ses désirs…), pour qu’il se sente bien dans ses pattes et sa peau.

Notre prochain article de blog sera consacré à la prédation qui répond à une toute autre motivation !

En attendant, portez-vous bien !

L’accès à l’extérieur pour le chat : bonne ou mauvaise idée ?

Si vous avez récemment adopté un chat ou bien si vous êtes sur le point de le faire, vous vous êtes peut-être déjà posé ce genre de question : dois-je le laisser sortir ? En ville, est-ce dangereux ? Est-ce que mon chat s’ennuie à la maison ? Peut-il être heureux en intérieur ?

LE MONDE SENSORIEL DU CHEVAL

Quel cavalier n’a pas rêvé de mieux comprendre son cheval ? Et quel cavalier ne s’est pas un jour agacé après sa monture sursautant « sans raison » ? Ne vous êtes-vous jamais dit : « c’est agaçant, il est déjà passé par cet endroit des...

Idée reçue n°2 : un chien âgé ne peut pas changer ou apprendre de nouveaux tours

J'ai commis une terrible erreur en pensant que mon chien étant âgé, il lui était impossible d'apprendre à être propre et sage. Je me suis malheureusement privée de l'opportunité d'améliorer ma relation avec ma chien Fengly. Cette idée reçue, je l'ai longtemps...

Idée reçue n°1 sur l’éducation du chien : mon chien sait quand il a fait une bêtise !

J'ai longtemps pensé que mon chien savait quand il avait fait une bêtise en voyant son air coupable. Je pouvais aussi me dire, "je sais qu'il a fait une bêtise, sans avoir découvert les dégâts, rien qu'avec ses mimiques, au travers de son regard". Cette idée reçue, je...