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L’accès à l’extérieur pour le chat : bonne ou mauvaise idée ?

Si vous avez récemment adopté un chat ou bien si vous êtes sur le point de le faire, vous vous êtes peut-être déjà posé ce genre de question : dois-je le laisser sortir ? En ville, est-ce dangereux ? Est-ce que mon chat s’ennuie à la maison ? Peut-il être heureux en intérieur ?

Ces questions sont un vrai dilemme pour certains propriétaires de félins, et pour cause, le sujet revient régulièrement très en consultation, avec un seul objectif : le bonheur du chat. Alors quels sont les bénéfices et les risques, quelles précautions prendre ? Nous allons répondre à toutes ces questions pour vous permettre de prendre une décision avisée.

Un peu d’éthologie

Pour répondre à toutes ces questions, il est important en premier lieu de connaître les comportements naturels de nos félins. Et ce pour mieux les comprendre et in fine prendre des décisions qui soient respectueuses, adaptées et au plus près de leurs besoins éthologiques.

Le chat est une espèce solitaire mais néanmoins sociable : c’est ce qui lui a permis de s’adapter aux foyers humains pour aujourd’hui en être un membre à part entière. Malgré sa lointaine domestication et ses immenses facultés d’adaptation, le chat a gardé ses instincts sauvages, en témoignent les capacités de survie des chats harets (chats domestiqués retournés à l’état sauvage).

Même nourris par l’homme, la plupart ne se privent pas de chasser un petit rongeur ou un lézard qui croiserait leur chemin. Cela témoigne de sa nature de prédateur et de son besoin d’exprimer ces comportements séquencés (fixation oculaire, poursuite, capture…) qui sont en quelque sorte programmés en lui.

Le chat vit dans un monde en 3D, il doit pouvoir grimper, se poster en hauteur pour contrôler son environnement, anticiper un possible danger ou détecter une éventuelle proie. C’est pourquoi votre chat prend autant de plaisir à monter sur vos meubles, votre cuisine ou vos placards.

Le chat est réputé être un gros dormeur, et il est vrai qu’en moyenne, il peut dormir jusqu’à 16 voire 18 heures par jour. Toutefois, son besoin d’activité avoisinant environ 5 heures par jour n’est pas à négliger ! Y être attentif et y répondre, notamment en milieu clos, contribue à son équilibre physique et psychique.

Le chat est sujet à des rythmes d’activité variables. On note des pics à l’aube et au crépuscule en lien avec l’activité de ses proies. A contrario, une baisse pendant les périodes plus froides de l’année peut être observée, le chat pouvant se montrer alors moins motivé à sortir.

Votre chat est unique

Au-delà des besoins spécifiques de l’espèce que nous venons d’aborder, il est indispensable de prendre en considération le tempérament, le vécu et les préférences de chaque chat et de s’y adapter au mieux. Tous les chats n’ont pas les mêmes besoins en termes d’activité et ne ressentent pas la même envie de sortir. Certains peuvent avoir beaucoup de difficultés à vivre en milieu clos, notamment les chats qui ont déjà eu accès à l’extérieur par le passé.

D’autres préfèrent rester dans un environnement sécurisant, confortable, éloigné des dangers que peuvent représenter la rue, la circulation ou la rencontre avec d’autres congénères par exemple. Lors de l’adoption, il est donc essentiel de connaître les conditions de vie antérieures du chaton ou du chat que l’on accueille, l’accès ou non à l’extérieur faisant partie des informations à connaître pour éviter bien des déconvenues. Il est également important de se renseigner sur les races, certaines étant réputées pour être plus actives que d’autres, même si par expérience les exceptions sont toujours là pour confirmer les règles. J’ai en effet eu l’occasion de rencontrer des Ragdolls qui ne pensaient qu’à explorer le voisinage et s’ébattre dans les flaques d’eau ! Cette anecdote témoigne que chacun est unique et que deux chats de même race peuvent avoir des réactions différentes dans un même environnement.

Les bénéfices des sorties en liberté

Permettre au chat de sortir en extérieur, c’est lui permettre de répondre à une partie de ses besoins : grimper, griffer, sentir, courir, observer, chasser… A l’extérieur le chat est libre d’exprimer pleinement sa nature, ses instincts, de libérer son énergie ou simplement de lézarder au soleil sur un toit. Le champ des possibles est immense : les jardins, les arbres, les murs, les granges représentent un véritable terrain de jeu, d’expression sensorielle et d’exploration pour le chat ! Le fait qu’il soit exposé à de nouveaux sons, des situations variées, des rencontres intra et inter espèces contribuent à sa sociabilisation, à diminuer son seuil de sensibilité et  à augmenter sa capacité d’adaptation. Il remplit ainsi sa “bibliothèque” d’expériences.

Toutes ces stimulations contribuent à son équilibre et à son bien-être. Elles diminuent drastiquement les risques d’obésité dont sont fréquemment sujets les chats d’intérieur (en moyenne 60 % des chats vivant en milieu clos sont en surpoids) et plus généralement les problématiques liées à un manque d’activité comme des états de surexcitation ou d’abattement.

D’autres avantages qui peuvent être non négligeables pour les heureux propriétaires de matous : un chat qui a accès à un jardin et à des espaces naturels aura plus facilement l’occasion de faire ses besoins en dehors de la maison et à exprimer ses comportements de marquage et de griffade à l’extérieur, sur des troncs par exemple plutôt que sur le canapé ou la tapis !

Les risques des sorties en liberté pour votre chat

En général là où il y a bénéfices, il y a risques. Permettre à son chat d’accéder à l’extérieur l’expose à de multiples dangers, même s’ils sont sensiblement différents selon l’environnement. Que ce soit en milieu urbain ou rural, les risques sont présents : accidents de la circulation, chutes de balcon, vols (surtout pour les chats de race), bagarres entre congénères, rencontres avec d’autres animaux, exposition aux parasites, substances toxiques et maladies, pièges, la liste est longue et non exhaustive. Ceci sans compter que parfois certains chats se choisissent un autre foyer que le vôtre, plus accueillant à leurs yeux.

En cas de déménagement, il arrive que des chats reviennent sans cesse sur leur territoire précédent, ne trouvant pas leurs marques dans leur nouvel environnement.

Les statistiques montrent qu’un chat qui vit totalement ou en partie à l’extérieur a une espérance de vie plus courte qu’un chat vivant en milieu clos. Les dépenses de santé sont généralement plus importantes.

D’autre part, sans que cela ne représente un risque vital pour votre chat, la question écologique est aujourd’hui mise en avant notamment dans certains endroits du globe où les populations d’oiseaux et d’autres espèces sont menacées par la prolifération des félins.

Pour minimiser toutes ces menaces, il est fortement conseillé de faire identifier son chat (rappelons que c’est obligatoire), de le faire stériliser et vacciner, de lui administrer un traitement anti parasitaire et d’éviter de lui mettre tout dispositif comme un collier qui pourrait être à l’origine de blessures ou d’étranglement.

Pensez bien à prendre en considération les fragilités de votre chat, certaines races comme les Sphynx sont hypersensibles au soleil ou au froid, les Munchkins avec leurs pattes courtes auront plus de difficultés que d’autres à se mettre en sécurité face à un danger, un chat âgé sera plus vulnérable et moins rapide…

Les alternatives et solutions

Décider de faire vivre un chat en milieu clos ou lui laisser une totale liberté n’est pas une fatalité. Si vous avez envie ou besoin de faire évoluer les conditions de vie de votre chat, des solutions existent. Voici quelques cas concrets : 

Si votre chat a tendance à sortir de votre cour ou votre jardin et que cela pose des soucis avec votre voisinage ou que vous craignez pour sa sécurité, vous pouvez opter pour un dispositif qui empêche votre chat de sauter par-dessus les murs ou d’aménager un espace extérieur type volière. Certaines surfaces lisses comme le plexiglass empêchent le chat de grimper.

Il existe également des solutions d’aménagement (ex : filets de protection) pour sécuriser les balcons, terrasses et les fenêtres pour éviter toute chute ou fugue.

Pour toute suggestion de solutions professionnelles sur mesure avec la société, vous pouvez visiter le site Protection pour chats.

Si vous souhaitez que votre chat bénéficie des avantages des sorties en toute sécurité, optez pour la laisse et le harnais. Cela peut être une bonne alternative surtout si l’apprentissage se dès le plus jeune âge, de façon positive, progressive et sans contrainte.

Pour l’accès à l’extérieur, comme pour les ressources (zones de repos, d’élimination, de nourriture, jeux…) offrez-lui le plus de choix et de liberté possible. Opter pour une chatière lui permettant de sortir à sa guise sans horaire et sans contrainte et surtout sans solliciter son maître.

Si votre chat n’a pas accès à l’extérieur, aménagez votre logement en “salle de jeu” pour chats. Arbres à chat, hamac de fenêtre pour observer l’extérieur, surfaces en hauteur pour sauter, espaces de repos, cachettes (le chat aime voir sans être vu), griffoirs verticaux et horizontaux…

Internet regorge d’idées d’aménagement que vous pouvez fabriquer vous-même. Proposez-lui des jeux de recherche alimentaire, des gamelles ludiques, cachez des friandises en hauteur, dispersez des croquettes dans votre logement pour l’inciter à renifler, explorer. S’il se montre peu collaboratif au départ, proposez-lui des friandises de haute valeur pour le motiver. Instaurez régulièrement voire quotidiennement des temps de jeu avec lui. Il existe une multitude de jeux ludiques, là aussi que vous pouvez bricoler vous-même avec des matériaux très simples et peu coûteux. Une tige de bambou, du fil et une plume à l’extrémité type canne à pêche, fera très bien faire l’affaire !

Point de vue du comportementaliste

Comme évoqué en introduction, la question de laisser son chat sortir est souvent évoquée en consultation, soit de façon spontanée par les propriétaires soit dans le travail de questionnement et d’analyse du comportementaliste. Face à certains comportements indésirables du type éliminations hors litières, conduites agressives, apathie ou marquages, l’accès à un extérieur peut faire partie des suggestions et du “pack de solutions” proposées, quand cela est possible.

Le manque d’activité, un changement dans les habitudes, un déménagement, un accès extérieur du jour au lendemain supprimé peut générer du stress, de la frustration et amener le chat à adopter des comportements spécifiques utiles pour lui pour “gérer intérieurement” ce contexte délicat. Ces comportements, précédemment cités peuvent gêner les propriétaires.

D’une façon générale, a minima, un changement de comportement de l’animal, quel qu’il soit, doit alerter les propriétaires. Si votre chat qui aimait sortir, gambader au grand air refuse du jour au lendemain de mettre le nez dehors, il convient de se poser des questions. Nous vous invitons.à consulter un vétérinaire pour exclure toute cause physique, hormonale ou physiologique.

Le chat étant un animal de stress par définition, ni l’accès à l’extérieur ni tout autre sujet ne doit être une source de stress pour votre chat. S’il ne veut pas sortir, ne l’y obligez pas, il a ses raisons ! Contraindre le chat à faire quelque chose sans son consentement c’est risquer de renforcer des peurs, installer des aversions, des associations négatives, abîmer la confiance et dégrader la relation que vous entretenez avec lui.

Conclusion

Vous l’avez compris, il n’y a pas de réponse ferme et définitive à la question de laisser ou non son chat sortir. Un chat peut vivre heureux en milieu clos, mais pas n’importe quel chat et surtout pas dans n’importe quelles conditions. Il est avant tout primordial de bien connaître ses besoins et son tempérament pour lui offrir les conditions de vie les plus adaptées en étant conscients des bénéfices et des risques. Observer son comportement, détecter des signes de stress ou de mal être peut vous conduire à modifier l’environnement de votre chat. L’aménagement du logement ou l’accès à l’extérieur peuvent être des clés. Pesez bien le pour et le contre afin de ne pas devoir revenir en arrière, ce qui pourrait être particulièrement difficile à vivre pour le chat. Vous avez maintenant tous les éléments pour prendre de nouvelles dispositions ou maintenir un environnement qui finalement vous semble juste et respectueux de votre compagnon. Et si vous avez encore des doutes ou des difficultés, n’hésitez pas à vous faire accompagner par un professionnel du comportement félin.

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