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LE MONDE SENSORIEL DU CHAT ou  COMMENT LE CHAT VOIT LE MONDE

Journée mondiale du chien

Sommaire

  1. Le concept d’Umwelt
  2. La vue
  3. L’ouïe
  4. L’olfaction
  5. Le toucher
  6. Le goût
  7. le 6ème sens
  8. Conclusion      

Les capacités sensorielles du chat sont basées sensiblement sur les mêmes organes des sens que l’homme (vue, ouïe, goût, odorat et toucher), néanmoins, ils ont des spécificités très différentes avec des capacités très variables que nous allons décrypter ensemble.

Savoir comment notre compagnon félin perçoit ce qui l’entoure est toujours assez mystérieux pour nous, humains. Parfois nous sommes loin d’imaginer tout ce qu’il sent et ressent : les odeurs, les mouvements, les sons, les phéromones, les vibrations… Le chat est doué de capacités hors normes, à la hauteur de sa sensibilité. Il dispose de sens aigus qui le rendent particulièrement performant pour garantir sa survie, que ce soit pour fuir un danger ou pour chasser. Et il est bien connu que le chat est un redoutable prédateur. Alors embarquons ensemble dans le monde sensoriel du chat !

1 – Le concept d’Umwelt

Chaque espèce vit dans un monde qui lui est propre. Ce “monde propre”, environnement sensoriel propre à une espèce, appelé également Umwelt, a été mis en évidence par Jakob Johann von Uexküll, biologiste et pionnier de l’éthologie. Le monde propre est la manière dont une espèce voit le monde dans lequel elle vit. Il est différent selon les espèces, car il répond à des objectifs précis de celle-ci. Il peut être également sensiblement différent selon les individus d’une même espèce. Les sens sont développés en fonction des besoins de cette espèce, pour à la fois lui permettre de vivre et de garantir sa survie. Considérer ce concept c’est déjà faire un pas vers l’autre, vers son animal – peu importe l’espèce – vers la compréhension de son être, de son individualité, socle d’une relation respectueuse et bienveillante.

2 – La vue

Le chat est nyctalope, c’est-à-dire qu’il parvient à voir la nuit. Sa vue est très développée, elle lui permet notamment de voir les proies dans la pénombre. Il doit cette capacité, d’une part, à l’existence au fond de l’œil d’un nombre particulièrement élevé de bâtonnets, des cellules spécialisées dans la réception de la lumière et d’autre part, à la faculté de ses pupilles à s’ouvrir très largement (mydriase) pour laisser entrer le maximum de rayons lumineux dans l’œil. Autre atout, une couche de cellules réfléchissantes appelée tapetum lucidum, située au fond de la rétine permet d’augmenter, par réflexion, la quantité de lumière captée. Il suffit donc pour le chat d’une très faible lumière pour lui permettre de voir distinctement la nuit. Toutefois il ne peut pas voir dans le noir complet !

En plus de cette vision nocturne particulièrement efficace, le chat bénéficie d’un champ de vision plus large que celui de l’homme. Chez l’homme, il est d’environ 180 à 210 °. Chez le chat, le champ de vision total est de 155 à 287°, ces chiffrent varient selon la forme du crâne suivant les races à face courte (Persan) qui ont un champ de vision plus court que chez les chats à face allongée (Orientaux). Le champ de vision binoculaire est de 90 à 130°, pour environ 120 °chez l’homme.

En revanche, le chat est légèrement myope, il ne voit pas de façon très précise. De loin le chat voit flou et de près il voit à peu près correctement mais seulement entre 10 et 80 cm environ. Sa vision est optimum entre 2 et 6 mètres. La perception de la lumière est la fonction des bâtonnets. Celui des cônes est de distinguer les différentes couleurs du spectre. Or le chat possède assez peu de cônes dans le fond de son œil. Le résultat est une vision du monde assez terne puisque le chat ne perçoit que le jaune et le bleu. Comme les personnes daltoniennes, le chat ne distingue pas le vert ni le rouge. On peut penser que le chat voit donc le monde dans les tons pastel.

3 – L’ouïe

Le chat a une excellente ouïe avec deux caractéristiques principales.

La première c’est de percevoir les ultrasons jusqu’à 60 KHz, voire 100 KHz alors que l’homme entend les sons jusqu’à 20 KHz. L’ouïe du chat est performante à la fois dans les basses et les hautes fréquences. Avec toutefois des performances très impressionnantes dans les sons les plus aigus. A noter que les rongeurs émettent des ultrasons à plus de 20 KHz (cris d’alarme à 22 KHz) et même au-delà de 70 KHz. Le chat entend 2 octaves plus aiguës que nous, contre une octave plus aiguë chez le chien.

La seconde est anatomique et neurologique. Les pavillons auriculaires en forme de cône sont idéaux pour capter les sons, ils sont mobiles à 180° et peuvent pivoter en fonction des bruits, indépendamment l’un de l’autre.  Le chat peut distinguer 2 sons à 2 endroits différents pour chacune des oreilles. Chaque oreille possède 32 muscles. Même quand il dort, les oreilles restent en alerte.

La fonction et l’efficacité acoustique du chat jouent un rôle essentiel lui permettant d’être averti d’un potentiel danger, de communiquer avec ses congénères (par exemple entre la mère et ses petits), de s’orienter, de détecter des proies…

La surdité chez le chat peut faire partie des affections héréditaires. Elle concerne les chats ayant un pelage blanc et les yeux bleus. Ils peuvent être touchés par une surdité totale ou partielle, bien entendu tous les chats blancs ne sont pas atteints. Certaines études montrent que les chats aux yeux vairons (un œil bleu et l’autre vert, brun, jaune…) sont aussi susceptibles de souffrir d’une surdité partielle, affectant l’oreille placée du côté de l’œil bleu.

4 – L’olfaction

L’olfaction est un sens également très développé chez le chat. Ils disposent en moyenne de 67 millions de cellules olfactives (contre 5 millions environ pour l’homme). La muqueuse olfactive fait 20 cm² chez le chat (4 chez l’homme). Il a plus de 4 fois plus de cellules nerveuses liées à l’olfaction que l’homme, il sent donc bien mieux que nous, mais moins bien que le chien. Son nez est humide pour capter un maximum d’odeurs.

Dans le registre de l’olfaction, le chat perçoit les phéromones. Il s’agit d’une perception chimique, indépendante du nez et de la bouche, et due à un organe situé dans l’os du palais, l’organe voméronasal, appelé aussi organe de Jacobson. Cet organe perçoit les phéromones, sans les sentir, donc sans odeur. Les phéromones sont des molécules porteuses d’information, de communication, d’un chat à l’autre. Il s’agit donc d’une communication chimique d’un individu à l’autre. L’information va influencer directement les émotions et l’humeur du récepteur ainsi que son système hormonal. 

Pour percevoir les phéromones, le chat recourt à un comportement de flairage très particulier appelé flehmen : la lèvre supérieure se rétracte, le nez se plisse, les narines se ferment, le chat inspire rapidement par la bouche entrouverte.

On identifie différentes phéromones :

– phéromones d’alarme : les sécrétions des glandes anales et la transpiration des coussinets en cas de stress communiquent la peur du chat émetteur à d’autres chats et conditionnent les lieux.

– phéromones d’identification des partenaires sociaux et de l’espace familier : le frottement des joues, du cou et du dos marque d’une phéromone de familiarisation les chats, les humains, les chiens amis, et les autres individus et objets familiers.

– phéromones territoriales : le marquage urinaire et les griffades marquent de phéromones excitatrices certains éléments du domaine vital et des zones de croisement et d’isolement.

– phéromones d’attachement et d’apaisement : émises par la mère et le chaton pour lier les membres de la famille.

– phéromones sexuelles : émises dans les sécrétions sexuelles et les urines pour la communication sexuelle et le rapprochement des partenaires.

Le flehmen apparaît vers la 5ème semaine et se développe pleinement vers la 7ème semaine.

Cela peut paraître surprenant mais l’être humain possède également cet organe de Jacobson, aujourd’hui atrophié.

5 – Le toucher

La sensation tactile intervient à différents niveaux, à travers les coussinets, la truffe, la peau, les poils et les vibrisses (moustaches) essentiellement.

L’épiderme du chat est constellé de cellules tactiles ultra-sensibles, réactives au moindre frôlement et à de très faibles écarts de pression et de température. Les zones les plus réceptives sont la face, les zones génitales et annales et les coussinets du chat. Ces derniers, en plus de la protection qu’ils lui assurent, le rendent particulièrement perceptif aux formes et à la texture des objets et des matériaux sur lesquels il se déplace, mais aussi aux vibrations du sol. On estime d’ailleurs que le chat est trois fois plus sensible aux vibrations que l’homme, et qu’il peut détecter les mouvements au sol d’un animal proche de lui, à commencer bien sûr par une proie.

La tolérance au contact est très variable d’un chat à l’autre. La plus grande tolérance se retrouve dans la région du maxillaire, c’est-à-dire des lèvres vers l’oreille et de l’oreille vers le cou, ainsi que les flancs, les endroits que le chat frotte spontanément. La tolérance la plus faible se retrouve à la base de la queue et sur le ventre. Des caresses prolongées peuvent parfois entraîner des décharges désagréables, voire douloureuses, d’électricité statique. D’où des réactions parfois vives des chats et souvent mal comprises et interprétées par les humains.

Pour chasser, le chat utilise son sens du toucher. Il est pour cela équipé de senseurs tactiles très sensibles, les vibrisses. Grâce à la sensibilité de ses vibrisses, le chat détecte la moindre pression, le moindre courant d’air. Comme les poils, les vibrisses tombent et repoussent naturellement. Elles sont essentielles à son équilibre et son sens de l’orientation. Il est donc, pour différentes raisons en lien avec ses fonctions, très fortement déconseillé de les couper.

6 – Le goût

Le goût est un sens présent dès la naissance du chaton. Sens qui évoluera au fil du temps selon ses expériences et qui reste encore mystérieux à décrypter. Le goût et les odeurs sont liés, lorsque le chat se lèche, il détecte les odeurs. En quelque sorte, le chat “goûte” d’abord par le nez.

Le chat compte environ 475 récepteurs ou bourgeons gustatifs répartis sur la langue, contre 1 700 chez le chien et 9 000 chez l’homme. Les saveurs sont donc pour lui beaucoup moins prononcées que pour nous.

La sensibilité gustative concerne quatre saveurs de base : acide, amer, salé et sucré. Le chat est très sensible à l’amertume qu’il peut percevoir même à très faible concentration. Cela lui permet d’éviter de consommer un grand nombre de substances toxiques, au goût souvent amer. De nombreux médicaments ont un goût amer et il est dès lors très difficile de les administrer au chat.
De manière générale, les agrumes sont évités par le chat, ce qui témoigne de sa sensibilité à l’acidité. A contrario, il serait peu sensible au sucré comme au salé. Il existe peu de données scientifiques sur le sujet.

7 – Le 6ème sens

Le chat est connu pour anticiper les orages, prévoir les tremblements de terre, les cyclones…
Ces phénomènes sont avérés mais inexpliqués. Le chat serait doué d’une sensibilité accrue aux variations de pression et aux champs magnétiques.

Il perçoit également les changements émotionnels de l’homme comme la tristesse, le stress ou la colère. Il est capable de retrouver son chemin ou son lieu de vie à plusieurs dizaines de kilomètres. Toutes ces facultés restent encore bien mystérieuses.

Conclusion

Vous l’avez compris, parmi les différents sens du chat, l’ouïe et la vue, sont les plus développées et lui permettent entre autres d’être un chasseur à la hauteur de sa réputation. Ses sens se sont développés sur des milliers d’années, lui permettant ainsi de s’adapter à son environnement.

Les facultés du chat témoignent à quel point il peut saisir des informations inaccessibles à l’Homme et ces différences de perception contribuent à une certaine incompréhension entre nos deux espèces. Connaître les capacités sensorielles du chat permet de mieux saisir la façon dont il perçoit son environnement et comprendre les spécificités de ses besoins.

Mieux comprendre la façon dont le chat fonctionne est une des clés pour mieux analyser ses comportements, ses réactions, mieux adapter son environnement et également rester humbles face à tout ce qui nous échappe. Il nous reste donc encore beaucoup de choses à découvrir sur nos amis félins qui pourront contribuer à nous rapprocher encore un peu plus d’eux.

        

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