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Agressivité chez le chat, causes et solutions

L’agressivité chez le chat représentent une des causes principales des problématiques rencontrées par les propriétaires de félins. Qu’elles soient vis à vis d’autres chats du foyer, des humains qui le composent ou des autres espèces qui le partagent, elles questionnent, inquiètent et effraient. Les contextes, les causes, les déclencheurs sont multiples. Dans cet article nous allons décrypter ce sujet complexe qui peut, malheureusement, dans les situations extrêmes, conduire à des abandons ou des euthanasies.

L’agression au sens éthologique

L’agression est l’action d’agresser, elle est animée par les émotions ressenties par l’animal. Les conduites agressives sont des mécanismes de défense qui témoignent d’un stress, d’une forme plus ou moins forte d’anxiété.
C’est une stratégie fonctionnelle (parmi d’autres), instinctive, sélectionnée par la nature, génétiquement préprogrammée. Elle permet au chat de se protéger, de se défendre, de répondre à une frustration, d’éduquer les chatons, de préserver ou acquérir des ressources, de capturer une proie….Les comportements agressifs et plus largement la réactivité ont une valeur adaptative, ils permettent de rétablir l’équilibre et l’homéostasie de l’animal.


Rappelons que l’animal vit dans le présent et que les comportements qu’il adopte sont pour lui la meilleure réponse au regard de ce qu’il se passe pour lui à l’instant T.

Les différents types d’agression chez le chat

Quand le chat produit des conduites agressives, bien souvent on observe les mêmes conséquences, des griffures et des morsures ! Mais si les “symptômes” peuvent être identiques, les causes et le pourquoi le chat vient à agresser peuvent être très différents. Le chat a ses raisons que l’humain ne comprend pas toujours !


D’où l’importance de typer l’agression. Il s’agit de comprendre les motivations du chat à produire ces comportements agressifs, à se mettre à sa place, à “penser chat” en quelque sorte. Pour cela on va interroger le contexte, décrypter les situations car toutes les agressions, si elles n’ont pas les mêmes causes, elles n’ont pas non plus les mêmes solutions.
En premier lieu, il est important de distinguer les conduites agressives de la prédation. “Vous rentrez chez vous, et comme à chaque fois, votre chat se tient en embuscade sous un meuble dans la pénombre, il attend que vous passiez à proximité de sa cachette et tel un prédateur féroce, il vous attrape le mollet de ses griffes acérées et plante ses crocs dans votre pantalon déjà marqué des précédentes attaques.” Cette situation n’est pas rare, surtout pour nos félins d’intérieur qui manquent cruellement d’activité et d’occasion d’exprimer leurs besoins. Cette histoire illustre un comportement de prédation, où le chat veut ramener vers lui la proie. Ce qui est l’inverse pour une majorité de conduites agressives où le chat à travers son comportement cherche à mettre à distance un stimulus : un humain, un chien, un autre chat…. pour résumer ce qui lui fait peur. Il dit “va t’en !”
Il existe de nombreux types de classification de l’agression dans la littérature consacrée au chat.
L’important est de trouver le déclencheur et de travailler à partir de ce dernier. Citons quelques exemples d’agressions :
Les agressions par douleur, occasionnées car le chat souffre physiquement d’une pathologie et peut réagir subitement et violemment à des contacts de l’humain par exemple. Une visite chez le vétérinaire et un traitement adapté sera la solution pour que le chat retrouve sérénité et bien être.


⬤ Les agressions maternelles, bien connues dans le règne animal. C’est l’instinct de la mère de protéger ses petits, tel l’instinct de survie. Si en présence de sa progéniture, la mère ressent une menace, elle peut se montrer très agressive et les attaques peuvent être redoutables. Elle cherche par l’agression à éloigner la source potentielle de danger.
⬤ Les agression redirigées, délicates à comprendre car dans ce cas, la “victime” n’est pas la cause !
Lorsque le chat a peur de quelqu’un ou de quelque chose, qu’il se sent menacé, qu’il est frustré, il peut se tourner vers la cible la plus proche (animaux de la maison ou ses maîtres) pour relâcher la tension. Le chat a vu passer un oiseau par la fenêtre et, ne pouvant pas le chasser, va poursuivre le chien de la maison. Ce comportement peut également survenir quand le maître essaie de séparer deux chats qui se battent. Frustrés, ils peuvent s’attaquer à la personne la plus proche.
⬤ Les agression par peur, “La meilleure défense, c’est l’attaque !”. C’est ce qui se passe dans la tête du chat quand il est en panique et qu’il n’a pas de possibilité de fuite. Pour se sortir de la situation menaçante, il n’aura d’autre possibilité que l’agression. L’agression par peur est une réaction défensive face à un stimulus que le chat perçoit comme une menace. La possibilité de fuir est primordiale pour le chat. Un chat craintif, en règle générale, cherchera à s’enfuir ou se cacher. Cependant, quand le chat se retrouve acculé, dans des situations où la fuite est impossible comme dans une cage de transport ou pris au piège contre un mur, il sera susceptible d’attaquer pour se défendre.

Les signaux de communication

Pour comprendre les réactions agressives et plus largement les comportements de nos félins, il est nécessaire d’apprendre à lire leur langage corporel. Avec son corps, ses postures, le chat communique. Il exprime son état d’esprit, les émotions qui le traversent. Un chat effrayé va se tapir, se faire le plus petit possible. Il va rentrer sa tête, baisser ses oreilles, les pupilles sont dilatées, les vibrisses plaquées contre ses joues, la queue est rabattue sous lui, le corps est ramassé…comme pour disparaître.
Le chat en “colère”, assertif, se fait plus grand, se campe sur ses pattes, gonfle ses poils, monte et gonfle la queue, ses vibrisses sont en avant, ses oreilles sont penchées pour paraître plus grandes.

Ces deux postures ne sont pas figées, un chat peut au départ être dans une posture de peur et basculer en quelques secondes en posture offensive s’il se sent acculé, sans possibilité de fuir ce qui lui fait peur.

Autres signaux de communication : les vocalises comme le grognement ou le feulement qui indiquent là encore une peur, un inconfort. Le chat indique ainsi qu’il veut voir l’individu, humain ou autre animal, s’éloigner.

Il est essentiel d’observer la posture dans son ensemble et de la contextualiser (bruit soudain, mouvement brusque, arrivée d’un inconnu…). En l’observant attentivement, l’humain peut à la fois comprendre son chat et anticiper une possible manifestation agressive.

Le syndrome du chat caressé mordeur

Imaginez cette situation : votre chat monte sur vos genoux, vous le caressez affectueusement et au bout de quelques minutes, sans crier gare il se retourne et vous griffe ou vous mord violemment. Ça vous rappelle quelque chose, vous avez déjà vécu cette situation ?

C’est ce que l’on appelle le syndrome du chat caressé mordeur. A travers sa vive réaction, le chat dit : “stop” !

Ce comportement qui peut nous paraître incompréhensible et excessif est le signe d’une intolérance au contact prolongé. L’intensité de la réaction du chat étant proportionnelle à l’inconfort que revêt la situation pour lui. Il est très probable que précédemment, dans cette même situation, le chat ait donné des signes d’inconfort comme la queue qui fouette de plus en plus fort, signe d’agacement ; les oreilles en arrière ; la tête de côté ; la peau qui tressaille …. ce sont quelques exemples de signaux qui indiquent clairement qu’il est temps d’arrêter ! Et si ces signaux ne sont pas écoutés par l’humain, le chat passe à la vitesse supérieure, griffer ou mordre. Et si cette situation se reproduit, le chat apprend qu’il est inutile d’envoyer les premiers signaux et il apprend donc que seules la griffure et/ou la morsure font cesser les contacts désagréables pour lui.

Ce syndrome du chat caressé mordeur illustre bien l’importance d’observer son chat et de connaître le signes de mal être afin de lui éviter des situations inconfortables et par conséquent des blessures et une relation qui peut en pâtir.

Les erreurs à éviter

Dans les différents types d’agression, un certain nombre de facteurs peuvent être liés à l’humain comme des modalités de contact, des interventions inadaptées, des mauvais apprentissages … En effet, parfois, soit sans s’en rendre compte ou en pensant bien faire, nos actions sont contre productives et ont des effets délétères sur la relation que nous entretenons avec nos matous.

Lors de l’adoption d’un chaton par exemple, nombreux sont ceux qui s’amusent à jouer avec les mains, les bras, les pieds sans imaginer les conséquences possibles. En effet, à travers ses interactions qui peuvent paraître anodines, le chat apprend qu’il peut avoir accès avec ses pattes et ses crocs à la peau de l’humain. Le chaton devenu adulte peut ainsi développer des comportements de prédation sur l’humain ou de jeu inapproprié.

En cas de troubles de la cohabitation entre deux chats, il est fortement déconseillé d’intervenir. Les chats ont besoin de communiquer, de temps et d’interactions libres pour, en quelque sorte, signer leur contrat d’entente. Les grondements, les feulements et même les poils qui volent peuvent faire partie de ce processus qui est retardé voire amplifié en cas d’intervention de l’humain.

En cas de bagarre entre chats ou d’agression sur humain, les propriétaires sont tentés de punir leur chat pour leur signifier leur mécontentement et l’interdit du comportement. La punition est très anthropomorphique, elle fait partie du registre des interactions entre humains mais n’est pas recommandée

pour les félins. En effet, pour le chat, ses réactions sont normales et utiles, elles sont les réponses logiques dans le contexte qu’il est en train de vivre. Avec la punition, le chat peut éventuellement cesser un comportement mais ne comprendra pas forcément le comportement que vous voulez qu’il adopte. Sans compter que la punition peut abîmer la relation, la confiance avec son humain.

Les solutions et astuces

Les solutions sont évidemment à adapter à chaque situation, en fonction des causes, du déclencheur qui sont à déterminer.
Des conduites agressives liées à l’ennui, à un manque d’activité seront atténuées voire supprimées en enrichissant l’environnement (surfaces en hauteur, postes d’observation vers l’extérieur), en stimulant le chat avec des temps de jeux (seul ou en interaction avec ses humains), en lui permettant de sortir si il n’a pas accès à l’extérieur, en lui offrant des activités de recherche alimentaire (gamelles ludiques type PipolinoⓇ).

Une alimentation rationnée peut être une source de stress importante pour le chat et occasionner des comportements très vifs dûs à la frustration ressentie. Il peut par exemple monter en excitation quand son propriétaire cuisine ou ouvre le réfrigérateur, d’une façon générale quand il va sentir de la nourriture ou entendre ce qui s’y rapporte. Lui proposer plusieurs petits repas par jour, conformément à sa nature de grignoteur, idéalement une nourriture en libre service pourra solutionner la situation.

Dans les foyers multi chats, lors d’un déplacement chez le vétérinaire ou le toiletteur, le chat qui revient au foyer a perdu les odeurs qui sont reconnaissables pour les autres. Il est conseillé de le mettre à l’écart quelques heures, il se toilettera et retrouvera son odeur habituelle, tel un repère olfactif, qui permettra d’éviter un possible rejet des autres félins de la maison.

Les interactions entre chats posent souvent des questions. Où s’arrête le jeu et où commence la bagarre ?
Savoir distinguer le jeu de la bagarre est utile pour avoir une interprétation juste de ce qu’il se passe entre deux chats. Un élément clé est la symétrie lors de l’interaction. Les rôles changent, ce n’est pas toujours le même qui poursuit l’autre, qui est au dessus ou en dessous. Si c’est toujours le même qui poursuit l’autre, qui est à l’initiative des contacts, qui a le dessus…dans ce cas, il y a bien un chat qui a l’ascendant, ascendant qui peut dériver vers du harcèlement. A noter que le jeu peut parfois dégénérer en bagarre.

Quand l’un des deux veut continuer le jeu ou l’intensifier et que l’autre ne veut pas. Encore une fois, c’est
l’observation qui vous donnera les réponses.

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